RDC : Tshisekedi accélère le processus de paix en fixant un Dialogue national inclusif au Togo

KINSHASA — Un tournant majeur se dessine dans la quête de la paix à l’est de la république démocratique du Congo. Le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a officiellement fixé la tenue du dialogue national inclusif pour le mois de janvier prochain à Lomé, au Togo, confirmant ainsi une accélération déterminante du processus visant à mettre fin à plus de vingt ans d’insécurité dans plusieurs provinces du pays.
Cette décision intervient après un déplacement stratégique du chef de l’Etat à Lomé. Loin d’être une simple visite protocolaire, cette rencontre avec les autorités togolaises a permis de finaliser les arbitrages nécessaires à l’organisation de ces assises que la présidence qualifie d’« essentielles » pour le retour durable de la stabilité.
Le processus s’est intensifié ce week-end avec l’arrivée à Kinshasa d’un diplomate qatari, dépêché spécialement pour prendre contact avec les acteurs politiques, sociaux et communautaires impliqués. Sa mission consiste à élargir la base des consultations, renforcer la confiance entre les différentes composantes nationales et favoriser une participation sans exclusion.
Le Qatar, déjà engagé dans plusieurs médiations en Afrique, représente un appui diplomatique de poids. Sa présence témoigne de la volonté de Kinshasa de donner à ce dialogue une dimension internationale, crédible et équilibrée, tout en assurant une neutralité indispensable au succès des discussions.
Pour le chef de l’Etat, ce dialogue doit symboliser un véritable tournant stratégique. Selon des sources proches du dossier, Félix Tshisekedi insiste sur la nécessité « de mettre fin aux guerres qui ont causé tant de dégâts » et de créer les conditions d’un Congo enfin pacifié, où les populations meurtries du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri pourraient retrouver espoir et stabilité.
La nouveauté majeure de cette initiative réside dans sa portée inclusive. Contrairement aux démarches antérieures, le Dialogue de Lomé entend intégrer : l’opposition politique les groupes armés engagés dans un processus de désengagement et de réinsertion, la société civile, les forces de la majorité présidentielle, ainsi que les leaders communautaires et traditionnels.
Cette approche vise à éviter les solutions partielles du passé et à instaurer un cadre de discussion qui reflète la diversité des intérêts en présence.
Pour garantir la transparence et la neutralité des échanges, la modération des travaux sera assurée par le Panel des facilitateurs panafricains, institution reconnue pour son expertise dans la gestion des crises politiques sur le continent. Les membres de ce panel sont attendus à Kinshasa dès le mois de décembre. Leur rôle sera d’installer le cadre des consultations, de définir les règles de participation et de préparer l’arrivée des délégations congolaises à Lomé en janvier.
Alors que les violences se poursuivent encore dans plusieurs zones de l’est, nombreux sont les partenaires internationaux de la RDC qui perçoivent ce dialogue comme une opportunité cruciale pour réduire l’intensité des affrontements, restaurer la confiance entre les acteurs nationaux et relancer une stratégie globale de stabilisation.
De Washington à Addis-Abeba, en passant par Bruxelles et l’Union africaine, les attentes sont élevées. Beaucoup considèrent que la tenue et la réussite du Dialogue national inclusif pourraient ouvrir la voie à des avancées majeures, tant en matière de sécurité que de gouvernance locale.
Si le dialogue national inclusif se déroule comme prévu et aboutit à des engagements fermes, le mois de janvier pourrait devenir un moment historique pour la RDC. À l’inverse, un échec retarderait encore la sortie de crise et prolongerait les souffrances des populations de l’Est, déjà éprouvées par plus de deux décennies de conflits armés, de déplacements massifs et de violences intercommunautaires.
Pour l’heure, l’annonce de Tshisekedi crée un climat d’attente, mêlé d’espoir et de prudence. Tous les regards sont désormais tournés vers Lomé, qui s’apprête à accueillir l’un des dialogues les plus sensibles et les plus importants de l’histoire récente de la RDC.
Ilanga Meta
