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Ituri : Incertitude et tensions après la mort présumée du chef milicien Baraka Amos en Ouganda

Bunia, Ituri — Une nouvelle secousse vient ébranler le paysage sécuritaire déjà instable de l’Ituri. Baraka Amos, figure centrale de la milice Zaïre et l’un des chefs de guerre les plus recherchés de la province, serait décédé en Ouganda à la suite d’un accident de circulation survenu dans la localité de Buguma, selon plusieurs sources locales concordantes. Bien qu’aucune confirmation officielle n’ait encore été communiquée par les autorités ougandaises, la nouvelle suscite un vif intérêt dans les milieux sécuritaires et communautaires congolais.

Pendant plusieurs années, Baraka Amos a exercé une influence considérable au sein de la milice Zaïre, active principalement dans le secteur de Mabanga, en territoire de Djugu. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) le considéraient comme l’un des principaux commanditaires d’exactions graves : attaques délibérées contre des civils, déplacements forcés, menaces répétées contre les communautés locales et violations massives des droits humains.

L’intensification des opérations militaires conduites récemment par l’armée congolaise, dans le cadre de la lutte contre les groupes armés responsables des violences communautaires, aurait poussé le chef milicien à se réfugier en Ouganda. Plusieurs chefs de factions ont d’ailleurs emprunté le même chemin ces derniers mois face à la pression militaire accrue en Ituri.

Les premiers éléments recueillis indiquent que l’accident mortel serait survenu alors que Baraka Amos se trouvait à bord d’un véhicule sur un axe routier de Buguma, une zone ougandaise située non loin de la frontière congolaise. Les circonstances demeurent floues, et aucun rapport officiel n’a été publié par la police ougandaise. Du côté de Kinshasa comme de Bunia, les autorités gardent également le silence, préférant attendre des informations vérifiées.

Plusieurs sources sécuritaires en Ituri affirment toutefois suivre de très près l’évolution de la situation. La mort potentielle d’un chef milicien à l’étranger complique les confirmations formelles, mais les témoignages recueillis jusqu’ici convergent vers une même conclusion : Baraka Amos aurait succombé à un accident.

Si ce décès venait à être confirmé, il pourrait profondément bouleverser la structure et le fonctionnement interne de la milice Zaïre. L’organisation, déjà marquée par des rivalités et une discipline variable, pourrait être confrontée à plusieurs scénarios :

Un affaiblissement du commandement, rendant difficile la coordination des actions et la gestion des combattants ;

Des luttes internes pour la succession, susceptibles de fragmenter davantage le mouvement ;

Une possible radicalisation de certains éléments, motivés par la volonté de venger leur chef ou d’affirmer leur autorité ;

Une opportunité pour les FARDC, qui pourraient capitaliser sur ce vide de leadership pour récupérer des zones longtemps contrôlées par le groupe.

Pour les habitants de Djugu et des environs, l’espoir d’un apaisement demeure, même si la prudence reste de mise tant les dynamiques des groupes armés sont imprévisibles.

L’Ituri est placée sous état de siège depuis 2021 en raison de l’insécurité chronique entretenue par plusieurs milices, dont Zaïre et la coalition CODECO. Les opérations militaires, les initiatives de dialogue et les interventions des autorités n’ont pas encore permis de stabiliser durablement la province, où les attaques contre les civils, les déplacements massifs de population et les violences communautaires demeurent fréquents.

Dans ce climat tendu, la mort présumée de Baraka Amos pourrait représenter un tournant important. Cependant, son impact réel dépendra de la capacité des autorités à consolider leurs avancées et à empêcher toute réorganisation armée susceptible de raviver les tensions.

En attendant une communication formelle des autorités ougandaises et congolaises, la population de l’Ituri reste suspendue à cette information qui pourrait changer, pour le meilleur ou pour le pire, l’évolution du conflit local. Les prochains jours seront déterminants pour mesurer l’ampleur de ce développement dans une province éprouvée par des années de violences et de cycles d’instabilité.

Rédaction

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