Ituri : La résolution 1325 au cœur du plaidoyer pour la paix et la participation des femmes – L’exposé marquant du Dr Jeanne Alasha à Bunia

Bunia, 31 octobre 2025 — À l’occasion du 25ᵉ anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, une cérémonie commémorative d’envergure s’est tenue ce vendredi à REHEMA PLAZA, dans la ville de Bunia, sous le thème inspirant : « Quand les femmes dirigent, la paix s’installe ». L’événement a été marqué par un exposé magistral présenté par le Dr Jeanne Alasha, spécialiste des questions de genre et de consolidation de la paix.
Dans son intervention, le Dr Alasha a rappelé avec éloquence le contexte et l’importance de cette résolution adoptée en octobre 2000 par le Conseil de sécurité de l’ONU. Selon elle, la résolution 1325 constitue un instrument juridique et politique majeur qui reconnaît le rôle central des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la consolidation de la paix, ainsi que leur participation active aux processus décisionnels à tous les niveaux.
« Quand il y a des guerres, même si tout le monde est affecté, les femmes et les enfants sont les plus touchés », a rappelé le Dr Jeanne Alasha. Elle a évoqué la réalité dramatique que vivent les femmes dans les zones de conflit, notamment en République Démocratique du Congo, où les violences sexuelles et les déplacements massifs frappent durement les populations féminines et infantiles.
Cependant, elle a tenu à souligner que les femmes ne sont pas uniquement des victimes. Certaines, a-t-elle expliqué, deviennent aussi actrices dans les groupes armés, parfois volontairement, mais souvent de manière forcée. Cette double réalité, entre souffrance et résistance, prouve à quel point les femmes doivent être au centre des politiques de réhabilitation, de reconstruction et de pacification après les conflits.
« Il faut impliquer la femme dans toutes les politiques de reconstruction et de pacification, car sans elle, aucune paix durable n’est possible », a insisté la conférencière.
Poursuivant son exposé, le Dr Alasha a pris soin d’expliquer le sens et la portée de la résolution 1325 aux participants.
Elle a précisé que les résolutions sont des décisions adoptées par les Nations Unies, soit par l’Assemblée générale, soit par le Conseil de sécurité. « Chez nous, en RDC, quand un gouvernement prend une décision, c’est un arrêté ; quand c’est le président, c’est une ordonnance. Mais au niveau de l’ONU, on parle de résolution », a-t-elle expliqué.
Elle a ajouté que le chiffre 1325 n’est qu’un numéro d’ordre attribué à cette décision parmi des milliers d’autres, mais son contenu et son impact en font une référence incontournable pour la promotion du genre et la paix dans le monde.
« La résolution 1325 n’est pas qu’un texte ; c’est une vision, un engagement à reconnaître le rôle des femmes dans la paix et la sécurité », a souligné la conférencière.
L’oratrice a rappelé que la mise en œuvre effective de cette résolution exige une implication conjointe des gouvernements, des institutions, de la société civile et des partenaires internationaux.
Elle a plaidé pour que les femmes soient représentées dans tous les niveaux de décision — que ce soit dans les forces armées, la police, les institutions politiques, ou encore dans les négociations de paix.
« On ne peut pas parler de paix sans les femmes. Elles sont au cœur des familles, des communautés et de la société. Elles savent ce que signifie reconstruire après la guerre », a affirmé le Dr Jeanne Alasha, suscitant l’adhésion du public.
Elle a encouragé les participantes à s’approprier la résolution 1325 non seulement comme un outil de plaidoyer, mais aussi comme un instrument de transformation sociale.
Cette conférence s’est tenue dans une atmosphère solennelle et empreinte de réflexion. Plusieurs acteurs de la société civile, des représentants du gouvernement provincial, des membres des organisations féminines ainsi que des jeunes leaders ont pris part à cet événement.
Tous ont salué la pertinence du thème « Quand les femmes dirigent, la paix s’installe », rappelant qu’il s’agit d’un appel fort à l’égalité, à la responsabilité et à la gouvernance inclusive.
Les échanges qui ont suivi l’exposé du Dr Alasha ont permis de renforcer la compréhension des enjeux liés à la mise en œuvre locale de la résolution 1325, notamment dans les provinces affectées par les conflits comme l’Ituri. Les participants ont proposé diverses pistes pour améliorer la participation des femmes dans les instances décisionnelles locales et les processus de médiation communautaire.
En clôturant son intervention, le Dr Jeanne Alasha a adressé un message empreint d’espoir :
« Si nous voulons construire une paix durable en République Démocratique du Congo, il nous faut faire confiance aux femmes, les former, les écouter et leur donner la place qu’elles méritent. La paix ne se décrète pas, elle se construit avec tout le monde, et surtout avec elles. »
Cette célébration du 25ᵉ anniversaire de la résolution 1325 à Bunia aura ainsi permis de raviver le débat sur la participation des femmes dans la gouvernance, la sécurité et la consolidation de la paix.
Elle marque également un tournant symbolique vers une société plus équitable, où la voix féminine devient un pilier incontournable de la stabilité nationale.
En somme, le message central de cet événement demeure clair : aucune paix n’est possible sans les femmes. Par leur courage, leur résilience et leur leadership, elles constituent une force essentielle pour bâtir un avenir de justice, de sécurité et de développement durable en RDC et partout ailleurs.
Henry NDENDE
