Ituri : Le lieutenant Jules Ngongo Tshikudi met en garde les groupes armés après la mort de Baraka Amos

Bunia, 21 novembre 2025 — Dans un message empreint d’émotion, de fermeté et d’avertissements, le lieutenant Jules Ngongo Tshikudi, porte-parole des forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) en Ituri, est revenu sur la mort du rebelle Baraka Amos, présenté comme l’un des éléments influents du mouvement armé CRP. Pour l’officier militaire, la disparition de ce dernier constitue un signal clair adressé à tous ceux qui persistent dans la voie de la violence et de la déstabilisation de la province.
Dès l’entame de son message, Ngongo Tshikudi a invoqué un passage biblique : « Rachetons le temps, car les jours sont mauvais. » Une parole qu’il interprète comme un avertissement que Baraka Amos n’a jamais voulu entendre. « Ils n’ont pas voulu racheter le temps ; le temps les a rachetés », a-t-il déclaré, exprimant également la compassion des FARDC envers la famille du défunt rebelle.
Le lieutenant Ngongo Tshikudi a rappelé que Baraka Amos ne s’était pas toujours illustré par la violence. Ancien participant aux dialogues inter-groupes armés Aru 1 et Aru 2, il faisait partie des acteurs engagés dans la recherche de la paix et de la cohésion sociale en Ituri. Son rôle initial laissait espérer une transition vers un engagement civique ou communautaire.
Mais l’apparition des Corps de Résistance Populaire (CRP), sous l’influence de Thomas Lubanga, aurait bouleversé son parcours. Baraka Amos se serait laissé entraîner, devenant l’un des membres les plus influents du mouvement et s’entourant d’hommes armés.
« Nous l’avons supplié de ne pas suivre Thomas Lubanga », souligne le porte-parole. Il explique que les chefs coutumiers, autorités traditionnelles et responsables communautaires ont été envoyés pour tenter de le ramener à la raison. « Nous avons dit : ne marche pas dans l’ombre de la mort. Va à la MONUSCO, présente-toi, sauve ta vie et celle de tes hommes. » Mais selon les FARDC, Baraka Amos a refusé d’écouter chaque appel, chaque conseil, chaque avertissement.
Dans son message, le lieutenant Ngongo Tshikudi a dressé la liste des graves exactions reprochées à Baraka Amos. L’homme est accusé d’avoir orchestré des attaques à Lopa et Iga-Barrière, d’avoir tué le chef de chefferie, ainsi que cinq militaires à Nizi. Il aurait également saisi des armes appartenant aux forces régulières.
Le porte-parole militaire évoque une « voix de sirène » de Thomas Lubanga qui pousserait Baraka à commettre davantage de crimes. Malgré les multiples médiations, « il a préféré la voie de la mort plutôt que celle de la paix », regrette Ngongo Tshikudi.
L’attaque la plus grave évoquée par l’officier concerne le meurtre de quatre agents de l’ONG Le Palmier, attribué à une opération dirigée par Thomas Lubanga et exécutée par Baraka Amos.
Les assaillants auraient ensuite pillé 1,2 million de dollars, une somme destinée aux opérations humanitaires dans la région.
Selon Ngongo Tshikudi, ces détails auraient été confirmés par un certain Rehema Dibot, présenté comme un collaborateur proche de Baraka Amos, qui aurait transporté l’argent jusqu’à lui.
Parmi cette somme, 300 000 dollars auraient été remis à Thomas Lubanga, tandis que Baraka Amos en aurait conservé une part identique.
Après plusieurs opérations militaires menées par les FARDC, Baraka Amos aurait fui en Ouganda, d’où il aurait continué à menacer les autorités provinciales, jusqu’au gouverneur lui-même.
« Vous avez menacé ceux que Dieu a établis », a rappelé Ngongo Tshikudi. « Vous mourez loin de votre famille, loin de vos compatriotes. Nous vous avions prévenu : en construisant ailleurs, en investissant ailleurs, vous alliez tout perdre. »
Pour le porte-parole militaire, la mort de Baraka Amos porte une signification profonde. « C’est un message destiné aux vivants. Un message divin. »
Il rappelle que les FARDC restent déterminées à poursuivre toute personne cherchant à déstabiliser l’Ituri. « Il ne reste que Thomas Lubanga », insiste-t-il, en référence à l’un des acteurs majeurs des violences dans la région.
Le lieutenant Ngongo Tshikudi conclut son message avec un avertissement puissant :
« Si la justice congolaise ne peut pas vous arrêter, si la justice internationale échoue, la justice de Dieu, elle, existe. » Des propos empruntés, dit-il, à Chancel Mbemba.
Malgré la fermeté de son discours, le porte-parole des FARDC réitère l’appel au retour à la raison, à la reddition et à la participation aux efforts de pacification. Pour les autorités militaires, il est encore possible d’éviter que d’autres combattants connaissent le même sort.
« Nous compatissons avec la famille de Baraka Amos, mais que chacun comprenne que la voie de la violence mène à une fin tragique. »
L’Ituri, encore meurtrie par les conflits, attend désormais de voir si ce message sera entendu.
Rédaction
