Ituri – Mambasa : Inquiétudes croissantes autour d’une possible infiltration des ADF dans la forêt de Mambe

Bunia, Ituri — La situation sécuritaire reste préoccupante dans la chefferie de Babila-Bakwanza, territoire de Mambasa, où la Convention pour le respect des droits humains (CRDH) alerte sur une possible présence des rebelles présumés ADF dans la forêt de Mambe, non loin de la localité de Sitarudi. Cette information, jugée sérieuse par l’organisation, suscite de vives inquiétudes au sein de la population locale déjà éprouvée par des années d’instabilité.
Selon Grâce Kakine, défenseur des droits humains et membre actif de la CRDH/Mambasa, plusieurs témoignages concordants recueillis auprès des habitants font état de mouvements suspects d’hommes armés circulant à l’intérieur de cette vaste zone forestière. Ces individus, décrits comme lourdement armés et se déplaçant en petits groupes, seraient assimilés aux rebelles ADF, un groupe actif depuis près d’une décennie entre le Nord-Kivu et l’Ituri.
La forêt de Mambe est quotidiennement fréquentée par les agriculteurs, les chasseurs et les habitants de Sitarudi et des villages voisins. Elle constitue un espace vital pour les activités économiques locales. La présence de combattants dans cet environnement isolé pourrait entraîner de graves conséquences : enlèvements, extorsions, taxation illégale, violences physiques ou encore déplacements forcés des populations.
« Les communautés sont très inquiètes. Elles craignent une reprise des attaques et une perturbation de leurs activités agricoles, qui sont leur principale source de survie », explique Grâce Kakine. Pour de nombreuses familles, cultiver leurs champs représente non seulement un moyen de subsistance mais aussi un lien direct avec la stabilité sociale.
Face à cette alerte, la CRDH appelle les FARDC à prendre des mesures immédiates. L’organisation recommande notamment le renforcement des patrouilles, la mise en place d’opérations de reconnaissance dans la forêt de Mambe et une collaboration étroite avec les leaders communautaires afin de confirmer ou d’infirmer la présence des ADF.
Si la menace se confirme, la CRDH exhorte les forces armées à « déloger immédiatement » ces présumés rebelles pour éviter qu’ils ne s’installent durablement et ne menacent les villages environnants. Pour l’organisation, la rapidité et la fermeté de l’intervention militaire pourraient empêcher de nouvelles attaques contre les agriculteurs, souvent les premières victimes lors des infiltrations armées.
En parallèle, les habitants sont encouragés à renforcer leur vigilance. La CRDH conseille aux agriculteurs et aux voyageurs d’éviter les déplacements isolés en forêt et de signaler tout mouvement ou activité suspecte aux autorités locales. Cette approche participative reste, selon l’organisation, un élément clé dans la prévention des attaques et la collecte d’informations fiables.
Cette nouvelle alerte s’inscrit dans un contexte sécuritaire général encore fragile en Ituri, où plusieurs poches forestières servent de refuges potentiels aux groupes armés. Malgré les opérations militaires en cours, les organisations locales estiment que les ADF continuent de représenter une menace réelle grâce à leur mobilité et leur capacité d’adaptation.
Pour la CRDH, seule une collaboration renforcée entre les FARDC, les communautés locales et les défenseurs des droits humains permettra de prévenir toute escalade de violence dans la région.
Ilanga Meta
