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JM des droits des enfants : En Ituri la jeunesse élève la voix pour la paix et la protection

Bunia, 20 novembre 2025 — En Ituri, la célébration de la Journée internationale des droits de l’enfant a pris cette année une dimension particulièrement poignante. Dans une province meurtrie par des années de violences armées, cette journée a été l’occasion pour les enfants eux-mêmes de s’exprimer, de témoigner et de réclamer haut et fort la protection et les opportunités auxquelles ils ont droit.

À l’initiative de la division du genre, famille et enfants, en collaboration avec l’organisation Save the Children, une conférence-débat a réuni des dizaines d’enfants venus de différents quartiers et sites de déplacés. Face aux autorités provinciales, aux responsables scolaires, aux acteurs de la société civile et aux organisations humanitaires, ces jeunes ont livré des témoignages bouleversants sur leur quotidien dans un environnement marqué par l’insécurité.

Les intervenants ont rappelé que l’Ituri reste l’une des provinces les plus touchées par les violences communautaires et les attaques armées. Ces crises répétées ont entraîné des déplacements massifs, la destruction d’infrastructures scolaires, la fermeture de centres éducatifs et un taux alarmant d’abandon scolaire.

Dans ce contexte, les enfants apparaissent comme les premières victimes : privés d’éducation, exposés à des risques d’exploitation, confrontés à des traumatismes psychologiques et parfois même enrôlés de force par des groupes armés.

« Nous sommes les premières victimes de cette guerre. Nous voulons être protégés et aller à l’école comme tous les enfants du monde », a déclaré avec émotion Josué Sumbusso, membre du Comité des enfants en Ituri. Sa voix tremblante mais déterminée a résonné comme un appel au sursaut collectif.

Les discussions ont mis en lumière plusieurs recommandations clés formulées par les jeunes eux-mêmes, parmi lesquelles :

Le renforcement immédiat des mécanismes de protection de l’enfance, notamment dans les zones rurales les plus exposées aux attaques armées ;

Une amélioration significative de la sécurité, condition indispensable au retour des élèves dans leurs écoles et à la reprise normale des activités éducatives ;

Des investissements accrus dans l’éducation, avec la réouverture, la réhabilitation et l’équipement des écoles détruites ou abandonnées ;

Un accompagnement psychosocial structuré, destiné à aider les enfants à surmonter les traumatismes liés aux conflits, aux déplacements et aux pertes familiales ;

Un soutien plus conséquent de la communauté internationale, afin de soulager les efforts des acteurs locaux souvent dépassés par l’ampleur des besoins humanitaires.

Les représentants de Save the Children ont réaffirmé leur engagement aux côtés des autorités locales pour continuer les programmes de protection, de réintégration scolaire et d’appui psychologique.

Pour clôturer la cérémonie, un défenseur des droits de l’enfant a rendu hommage à la bravoure des jeunes participants. Il a rappelé que, malgré les souffrances et les dangers auxquels ils sont exposés, ces enfants continuent de croire en un avenir meilleur.

« Ils sont la conscience de notre société. Leur courage exige de nous une réponse responsable et urgente », a-t-il souligné, invitant les décideurs à transformer ces revendications en actions concrètes.

À travers leurs interventions, les enfants de l’Ituri ont lancé un message d’une clarté indéniable : ils veulent grandir dans un environnement sécurisé, aller à l’école sans peur, jouer librement, se soigner et rêver d’un avenir digne. Leur voix, aujourd’hui amplifiée par cette journée symbolique, réclame un engagement ferme de tous les acteurs impliqués dans la résolution de la crise iturienne.

Plus que jamais, la province doit entendre ses enfants — non pas comme de simples victimes, mais comme des acteurs porteurs d’un immense potentiel pour la paix et le développement.

Ilanga Meta

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