Mambasa : montée d’insécurité à Babila-Teturi, des hommes armés non identifiés multiplient les incursions

Le territoire de Mambasa, situé au sud-ouest de la province de l’Ituri fait face à une nouvelle flambée d’insécurité qui inquiète profondément les communautés locales. Depuis plusieurs jours, le groupement Babila-Teturi est la cible d’incursions répétées menées par des assaillants non identifiés, semant la panique parmi les habitants et perturbant gravement les activités socio-économiques.
Dans la nuit du mardi à mercredi 12 novembre, une nouvelle attaque a été enregistrée, aggravant davantage le climat d’angoisse qui règne dans la région. Selon les témoignages recueillis sur place, des hommes armés vêtus d’uniformes ont circulé dans plusieurs localités du groupement avant de se livrer à des actes de pillage. Ces individus, équipés d’armes légères, auraient été aperçus notamment sur l’axe Mingazi–Etabé, avec une présence marquée dans le village de Kabungwe, où ils ont ciblé magasins, boutiques et habitations.
Des habitants contactés dans la zone décrivent des scènes de chaos. « Ils ont vidé toutes les boutiques du village, ils prenaient tout ce qu’ils trouvaient », témoigne un riverain qui a assisté à l’incursion. Dans une maison, les assaillants ont réussi à emporter une somme estimée à 5 000 dollars américains, un coup dur pour une famille déjà fragilisée par les conditions économiques difficiles de la région. Ces pertes matérielles et financières viennent s’ajouter à une peur constante ressentie par les habitants, qui ne savent plus à quel moment ces hommes armés pourraient surgir.
Cette attaque survient dans un contexte déjà tendu. Deux jours plus tôt, un autre groupe d’hommes armés avait été signalé à Pasuna Nzolo, une localité distante de quelques kilomètres d’Etabé centre. Lors de cet incident, la détermination de la population locale avait été mise en évidence. Lassés des incursions répétées et de l’insécurité croissante, les habitants avaient réussi à neutraliser l’un des quatre suspects présumés avant de le remettre aux forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) basées à Etabé. Un acte courageux mais révélateur de la lassitude et du désespoir des populations rurales souvent livrées à elles-mêmes face aux menaces persistantes.
Réagissant à cette nouvelle vague d’insécurité, le député provincial Pius Kambalume, élu de Mambasa, a fermement condamné les actes de ces hommes armés et a appelé à une réaction rapide et coordonnée des forces de sécurité. Il a exhorté les autorités militaires à ouvrir des enquêtes approfondies afin d’identifier les responsables, leurs motivations et leurs itinéraires. Selon lui, seule une action proactive et bien structurée permettra de stopper les incursions récurrentes qui fragilisent davantage une zone déjà éprouvée par plusieurs années de conflits et de violences armées.
L’élu provincial a également encouragé la population à maintenir une collaboration étroite avec l’armée. « Les efforts des FARDC doivent être appuyés par une vigilance communautaire, car la sécurité est une responsabilité collective », a-t-il déclaré, saluant par ailleurs le courage et la détermination des habitants qui, malgré la peur, continuent de signaler les mouvements suspects et d’aider les autorités dans leurs enquêtes.
Sur le terrain, la situation demeure préoccupante. Les habitants de Babila-Teturi demandent une présence renforcée et permanente des forces de défense pour rassurer les familles et dissuader les assaillants. Plusieurs leaders communautaires craignent que sans une intervention rapide et adéquate, la situation n’empire et ne s’étende à d’autres localités du territoire de Mambasa.
Les impacts de ces incursions sont multiples : perturbation du commerce local, déplacements internes de populations vers des zones jugées plus sûres, paralysie partielle des activités agricoles, et sentiment général d’abandon. Pour une région dont l’économie repose essentiellement sur l’agriculture, la petite exploitation et le commerce de proximité, ces perturbations pourraient entraîner des conséquences socio-économiques durables.
À travers la province de l’Ituri, les voix s’élèvent pour dénoncer ces attaques et appeler à un renforcement des stratégies de sécurité, notamment par une meilleure surveillance des axes routiers, un appui logistique accru aux unités FARDC déployées dans les zones sensibles, et une sensibilisation renforcée des communautés locales sur les mécanismes d’alerte précoce.
En attendant des actions concrètes, la population de Babila-Teturi reste sur le qui-vive. Entre espoir et inquiétude, les habitants espèrent voir revenir la stabilité, afin que leurs villages retrouvent enfin un climat de paix, de confiance et de sécurité.
Ilanga Meta
